15 janvier 2011

Boston, au cœur de la recherche en coachingpar Yvon Chouinard, ACC

Se retrouver à  Boston est toujours une expérience fascinante et inspirante. Non seulement la  ville est-elle accueillante, mais on a vraiment l’impression d’être au centre  d’un bouillonnement intellectuel et culturel unique au monde.  Avec des institutions légendaires comme  l’université Harvard et le Massachussetts  Institute of Technology, Boston est en  effet au cœur de bien des nouveaux courants de pensée qui influencent le reste  du monde, et le coaching n’y échappe pas.

Sous le  leadership et la vision du Dr. Carol Kauffman, psychologue rattachée au McLean Hospital, une institution  affiliée au Harvard Medical School (http://hms.harvard.edu),  et coach certifiée (PCC) auprès de International  Coach Federation, ainsi que de sa collègue Margaret Moore, la recherche scientifique sur le coaching est  maintenant encouragée et financée de manière continue depuis 2007, grâce au Institute of Coaching Professional  Association. (www.instituteofcoaching.org).  À cet égard,  l’Institut a développé cinq centres d’excellence, soit la recherche elle-même,  l’éducation, les applications de la psychologie positive, le coaching dans les  soins de santé ainsi que le coaching en leadership.  Il offre aussi des bourses pour des projets  de recherche allant jusqu’à un total de $100,000 par année.

J’ai eu le  plaisir de participer à la troisième conférence annuelle du Institute of Coaching en septembre  dernier, sous le thème « Coaching en médecine et en leadership », où  plus de 600 personnes provenant de plusieurs pays du monde, ont pu entendre un  brochette impressionnante de conférenciers, dont Sir John Whitmore, Richard  Boyatzis, Robert Kegan, Edward Deci, Barbara Fredrickson et Richard  Schwartz.  Cette conférence comprenant  deux volets d’ateliers (médecine et leadership), réunissait des médecins, dont  plusieurs psychiatres, des infirmières et autres types d’intervenants en santé,  des coachs exécutifs, ainsi que des coachs en santé. Elle a permis d’explorer  plusieurs aspects de la théorie, de la recherche et des pratiques en coaching.

La conférence  de Boston a servi à appuyer le fait que le coaching est devenu une approche  unique d’intervention et d’accompagnement des adultes avec ses propres  théories, modèles et pratiques. J’ai eu l’occasion de rencontrer des psychiatres  de la Californie qui ont abandonné l’approche traditionnelle de la psychanalyse  pour utiliser des techniques de coaching avec leurs clients, orientant  davantage ces derniers vers le présent et l’avenir, ce qui s’avère plus  efficace que de creuser leur passé. 

Des compagnies  d’assurance emploient maintenant des infirmières expérimentées comme coachs  auprès de certains de leurs clients qui sont atteints, par exemple, du diabète  de type 2 ou de haute pression artérielle.   Au début, ces clients ont tendance à ne pas prendre fidèlement leur  médication car ils ne ressentent pas de symptômes apparents.  Ce comportement peut avoir des effets désastreux  à plus long terme. Le coaching a pour objectif de les responsabiliser par  rapport à leur santé globale au lieu de leur répéter qu’ils doivent prendre  leurs médicaments.  Cette  responsabilisation par le coaching donne de meilleurs résultats.
  Cet intérêt  grandissant pour le coaching par un nombre de plus en plus élevé d’intervenants  dans les domaines de la santé et du leadership devrait éventuellement mener à  des études réalisées avec des échantillons aléatoires plus grands (100+) que la  plupart des projets de recherche réalisés jusqu’à maintenant, ainsi qu’à  l’ajout de groupes de contrôle.  Notons  aussi que plusieurs des publications présentant des résultats de coaching ne  s’attachent qu’à des études de cas.  Cela  ne permet pas d’obtenir des mesures d’efficacité répétables sur une base  scientifique.

L’objectif  général du Institute of Coaching est  donc de développer une base scientifique au coaching afin que les interventions  puissent s’appuyer sur des preuves évidentes d’efficacité. Dans sa présentation  lors de la conférence 2010 de Boston, Margaret Moore, la co-directrice du Institute of Coaching, a rappelé que le  coaching souffre du même problème que la psychologie, à l’effet que beaucoup de  coachs donnent plus de poids à leur expérience personnelle qu’à la science,  d’où la pléthore de modèles et de méthodologies qui n’ont, dans la plupart des  cas, aucune fondation scientifique sérieuse.

Toutefois, à  partir des méta-analyses des centaines d’études réalisées jusqu’à maintenant, Margaret Moore concluait que le  coaching peut être accepté comme une approche efficace pour faciliter le  changement, pour augmenter l’engagement afin de changer des comportements et  d’atteindre des objectifs et pour améliorer les ressources psychologiques des  individus.  Selon elle, même si les  coachs ne veulent pas marcher dans les plates-bandes des psychothérapeutes, à  la fin, les gens se sentent mieux grâce au coaching.

  Les deux journées de la conférence  « Coaching in Medicine & Leadership » se sont terminées par une  prestation remarquable du Dr. Richard Kogan, psychiatre et pianiste de grand  talent qui s’intéresse à l’interaction entre l’esprit et la musique.  Il a présenté le compositeur George Gershwin  sous l’angle de la résilience et de la transformation en illustrant son propos  par des interprétations pianistiques de morceaux choisis. À mon avis, cet  exercice permettait de faire le lien entre ce que les neurosciences nous  apprennent aujourd’hui sur le comportement humain, en nous fournissant des  données observables et vérifiables, au lieu de nous fier à des considérations  philosophiques sur la vie échafaudées à partir de simples inspirations  intellectuelles et spirituelles, mais non scientifiquement prouvées. Ce qui  veut dire que la création et la beauté peuvent aussi s’expliquer, si l’on prend  la peine de comprendre ce qui influence la vie autant physique  qu’intellectuelle des personnes.

Yvon Chouinard, ACC ACC, CRHA