15 mars 2010

Perspective coaching sur le mitan de la vie : crise ou transpar Yvon Chouinard, ACC

Tout au  long de notre vie, nous tentons de maintenir un niveau relatif d’équilibre  émotionnel. Il peut cependant arriver que des événements viennent perturber cet  équilibre, et qu’une période de désorganisation personnelle s’ensuive. Un  échec, une maladie soudaine, la perte d’un emploi, sont, entre autres, des  événements susceptibles de créer des sentiments troubles, de l’anxiété, voire une  rupture d’équilibre émotionnel.  C’est  alors, qu’éventuellement, intervient le besoin de  rechercher une solution pour y faire face.

Toutefois,  la vie comprend aussi, de manière naturelle, des étapes de développement liées  essentiellement à l’âge, où la personne doit s’ajuster à de nouvelles  dimensions psychiques de son existence. Le chercheur Erik Erikson identifie huit  stades de développement de la personne, échelonnés sur le cycle entier de vie,  de la petite enfance jusqu’à la vieillesse. Si l’individu est programmé  pour  traverser ces stades, il peut  aussi connaître des moments de crise  importants lorsqu’il transite de l’un à l’autre. L’adolescence et la  quarantaine sont habituellement propices à de telles crises. Selon Erikson,  l’individu se réalise et atteint graduellement la maturité en franchissant ces  huit étapes.  Toutefois, ce qui n’a pas  été géré adéquatement à une étape donnée peut l’être lors d’une étape  subséquente, ou pas du tout.  C’est ainsi  qu’autour de la quarantaine, nous pouvons parfois avoir l’impression que certaines  personnes ont envie de retourner à une étape plus jeune de leur vie, sans doute  parce qu’elles ne l’ont pas vraiment vécue. Nous assistons parfois à des crises  sérieuses d’identité et à d’importantes remises en question.
  Si Erikson  parle surtout de « crises » de développement à gérer durant toute sa  vie, un autre chercheur bien connu, Daniel J. Levinson, voit plutôt le cycle de  la vie comme une succession de transitions, mais reconnaît que la plus susceptible  de générer une crise est celle de la quarantaine.  Carl Jung en parlait d’ailleurs comme de la « seconde  puberté ».

Or, nous  retrouvons beaucoup de gestionnaires dans la quarantaine en coaching. C’est un  peu normal, car ils arrivent alors à un moment crucial de leur carrière où ils  obtiennent des promotions importantes. Autour de quarante ans, ils ont en effet  accumulé beaucoup d’expérience, d’expertise et de crédibilité. Ils ont aussi encore  beaucoup d’énergie et les organisations leur donnent alors des défis à leur  mesure. Toutefois, ils doivent revoir leur manière de fonctionner dans un  environnement où ils ont davantage besoin d’habiletés relationnelles que  techniques, d’où la valeur du coaching pour les accompagner afin de relever ces  nouveaux défis.

Mais en  même temps que leur carrière s’affirme, des forces biologiques et  psychologiques irrépressibles les amènent malgré eux à se poser des questions  fondamentales comme : « Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie? » Ils  regardent en effet le temps qui s’est écoulé – la moitié de leur vie  en fait qu’ils n’ont pas vraiment vue passer  - et prennent alors graduellement conscience de leur mortalité.  Un tel constat se traduit pour plusieurs par  une crise modérée ou sévère. Il s’agit alors  d’un terrain très fertile pour le coach professionnel, surtout pour celui qui  comprend bien les phases de développement de l’individu, car il peut ainsi  contribuer à élargir la conscience de son client et l’aider à répondre à ses interrogations  existentielles.

Si  l’étape du mitan de la vie est souvent  décrite comme une période de crise, il s’agit en réalité d’un processus  parfaitement prévisible de remise en question. En évoquant la normalité du  « trouble » de la quarantaine, le coach pourra ainsi accompagner son  client dans sa démarche d’introspection, sans risquer de tomber dans la  thérapie. Dans sa démarche introspective, le client voudra sans doute évaluer  le passé et faire le point sur ce qui a été fait. Mais c’est aussi et surtout,  l’occasion d’explorer de nouveaux territoires mentaux,  de considérer de nouveaux choix, de réduire ses  illusions et de réexaminer son projet de vie.   En effet, une crise peut être une occasion d’évolution, de possibilité  de changement et de restructuration.  Le  coaching va normalement aider le gestionnaire à utiliser son temps de manière  plus satisfaisante, à acquérir une plus grande intériorité et à mieux définir  son identité en fonction de ses relations familiales et affectives, de ses  valeurs, des circonstances, de son travail, de ses rêves et d’une meilleure  connaissance de lui-même ou d’elle-même.

En écoutant  son client, un coach peut dire si il/elle vit une crise ou une simple période  de transition. Dans les deux cas, si le coach possède une connaissance intime  des chapitres de la vie et des phénomènes de « rites de passage », il  pourra aider son client à gérer ces périodes d’ajustement de manière créative  et adaptée en posant des questions qui lui permettront de faire évoluer  « son histoire de vie  »  de la  meilleure manière possible. 

Au bout du  compte, un coaching efficace pour un gestionnaire dans la quarantaine, devrait  permettre de relier les aspects du passé, du présent et du futur de la vie du  client, construisant une plus grande résilience individuelle et un nouveau sens  de direction.

Yvon Chouinard, ACC ACC, CRHA